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La gazette du Thriller

01 juillet,2024

Night Call

août 19, 2022
Night Call
U

n excellent thriller basé sur un bien sombre constat : dans un monde où la violence fait vendre, les plus fous sont rois.

ATTENTION : LA CRITIQUE QUI VA SUIVRE PEUT CONTENIR DES SPOILERS.

Présentation

Genre : thriller noir

Durée : 117 minutes

Date de sortie : 2014

Réalisateur : Dan Gilroy

Scénariste : Dan Gilroy

Rôles principaux : Jake Gyllenhaal (Lou Bloom), Rene Russo (Nina Romina), Riz Ahmed (Rick), Bill Paxton (Joe Loder)

Intrigue : Lou Bloom, jeune paumé, découvre par hasard le métier de chasseur d’images « choc » pour les chaînes d’informations en continue. Il est prêt à tout pour se démarquer.

Scénario

Avant d’être réalisateur, Dan Gilroy est un (très bon) scénariste. Il n’a dirigé que 3 films, tous écrits de sa main. C’est peut-être cette double casquette qui permet à Night Call d’être une telle réussite.

Info inutile : son frère, également scénariste, a écrit Armageddon.

Le scénario de Night Call est simple mais terriblement efficace. Il repose presque exclusivement sur un personnage : Lou Bloom. Petit voleur sans intérêt, c’est le hasard qui va le mener à sa véritable vocation. Alors qu’il rentre chez lui après un énième mauvais coup, il se retrouve sur les lieux d’un violent accident de voiture. Sur place, quelques cadreurs capturent des images sanglantes dans le but de les revendre à des chaînes de télévision en mal de buzz. Une profession taillée pour l’homme sans scrupule qu’il est.

Contrairement à d’autres thrillers dont nous avons fait la critique, nous souhaitons vraiment vous donner envie de voir Night Call. Laissez-nous donc vous présenter le film en utilisant l’une de nos passions : l’onomastique !

L’onomastique est l’étude des noms propres. Dans une œuvre artistique, elle permet de mieux comprendre les personnages et la symbolique qu’a souhaité leur attribuer le créateur. C’est un exercice passionnant et qui permet de vous présenter une œuvre sans trop en dire. Nous allons probablement être amenés à l’utiliser davantage. Bon, ok. On nous a reproché de divulgâcher les films.

Ici, premier personnage et symbolisme plus qu’évident : Lou Bloom. Amis de Shakespeare, vous avez déjà remarqué que le nom Bloom fait référence à la floraison, une métaphore directe du parcours de Lou qui fait le chemin de l’épanouissement. Mais bloom a des significations plus complexes et contradictoires : il peut se traduire par l’éclat comme par le voile qui ternit une peinture, par exemple. N’oublions pas que le personnage principal va entrer dans le monde de l’image. On peut imaginer que Gilroy se soit amusé à jouer sur ce double – voire triple – sens pour décrire un homme dont l’impact va être tantôt de donner un nouvel éclat, tantôt de ruiner l’image d’une profession.

Pour ce qui est de la charmante Nina Romina, on a dû pousser un peu plus loin. Romina serait un dérivé de romana, romaine en italien. En extrapolant un peu, on imagine bien le personnage dominer le Colisée, admirant les gladiateurs en se délectant de son pouvoir sur leur sort. Après tout, c’est elle qui réclame toujours plus de violence et de sang.

Ce pauvre Rick n’a pas le droit a un nom de famille. Ce n’est pas anodin non plus. Il est insignifiant, un simple pion dans le jeu de Bloom.

Pour Joe Loder, on a travaillé dur et on est pas mécontents de ce qu’on a trouvé ! Le prénom Joe tient ses origines dans l’hébreu Joseph et signifierait « Dieu accroîtra ma descendance ». Si ce n’est pas voulu de la part de Gilroy, on ne comprend plus rien. Lou est clairement la descendance de Joe, et le surpassera en de nombreux points. Sur le nom de famille, Loder peut être tiré de lode = le filon, la veine. Le bon filon, c’est celui que tente de donner Joe à Lou. La veine, celle de la filiation entre les deux. Autres origines possibles : lewd (obscène) donc lewder (plus obscène), looter (pilleur, d’images par exemple)… Tout semble correspondre finalement à Joe. Un pilleur obscène qui donnera naissance à un fils spirituel qui exploitera son filon avec plus de malice encore.

Réalisation

Côté réalisation, rien de très notable (dans le bon sens du terme). La photographie est sombre, presque toutes les scènes sont de nuit. Les jeux de lumière sont donc cruciaux. Ce sur quoi se braquent les projecteurs est ce sur quoi les chaînes d’informations en continue voudraient que l’on se concentre : la violence à l’état brut.

L’image de Jake Gyllenhaal éclairé par les phares d’une voiture nous hantera à tout jamais.

Casting

Il n’y a presque qu’une seule chose à retenir ici : Jake Gyllenhaal. Il joue son rôle avec tant de talent qu’on finit par croire qu’il est dans la vraie vie comme à l’écran. L’association froideur dans le regard + petit rictus d’excitation à la vue du sang est un combo parfait pas loin de nous rappeler le Dr. Lecter (c’est effectivement une obsession pour la Gazette du Thriller). C’est pour nous incontestablement sa meilleure performance. On demande d’ailleurs pardon à M. Gilroy, parce qu’on a moins aimé la plus récente collaboration des deux hommes, Velvet Buzzsaw.

Il n’y a aucune erreur au casting. La performance de Gyllenhaal est éblouissante au point de nous rendre presque aveugles à celles des autres acteurs, mais tous sont excellents. Petit coup de coeur pour l’anglais Riz Ahmed, que l’on ne connaissait pas.

On note que Dan Gilroy a réservé une place de choix à sa femme, nulle autre que Rene Russo. On ne lui en veut pas, elle est parfaite.

A-t-on frissonné ?

Le film est un vrai bijou, sans aucun doute. Il a d’ailleurs été salué par pas moins d’une quinzaine de prix.

Est-ce le film qui nous a le plus fait frissonner ? Non. Il n’y a finalement pas tant de suspense, même si l’ambiance froide et sombre crée un certain malaise.

Scénario : 10/10

Réalisation : 8/10

Jeu d’acteur : 10/10

Frisson : 6/10

Moyenne : 8.5/10

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